Du présentiel au distanciel : le retour d’expérience d’Aston Ecole Informatique sur la bascule de 5 jours de formation en blended learning

Formation en blended learning : du présentiel au distanciel

E-learning, blended learning, distanciel : avec la crise sanitaire, le secteur de la formation se réinvente et innove. Cependant, cette transformation n’est pas toujours une évidence et les retours d’expérience sont bienvenus ! Constance, Corentin, Arthur, Marie, François et Mathieu reviennent dans cette interview sur la bascule d’une semaine de formation en 100% distanciel avec une promotion d’étudiants d’Aston Ecole Informatique et les questions que cela a soulevées !

Quel était le besoin initial d’Aston Ecole Informatique et le contexte ?

Nous avons un partenariat avec Aston Ecole Informatique. Projexion accompagne les étudiants autour d’un de leurs cinq parcours, « chef de projet en transformation digitale », pour lequel nous intervenons sur environ 50% des cours dispensés.

Dans le cadre de cet accompagnement, nous animons des semaines de cours complètes. Les étudiants sont en effet en alternance 3 semaines en entreprise et 1 semaine en cours, avec à chaque fois un thème précis.

Sur cette semaine d’avril 2021, la thématique était « enjeu de la transformation digitale côté entreprise et système d’information ». Auparavant, nous sommes déjà intervenus sur l’intelligence collective et le travail ensemble, l’entreprise digitale, l’agilité et la gestion de produit, la gestion de projet…

La majorité des sessions du début d’année étaient mixtes entre présentiel et distanciel. Bien sûr, sur cette semaine d’avril, le contexte a été particulier !

Comment le contexte a-t-il affecté cette semaine de formation en blended learning ?

Avec le confinement, la semaine a dû basculer sur du 100% à distance. Animer une journée de formation entière est déjà un challenge, alors créer du renouveau sur une semaine complète en distanciel est un vrai défi !

Souvent, le terme « blended learning » est associé à l’idée de mixer présentiel et distanciel. Dans la réalité, on peut hybrider énormément de choses pour dynamiser une formation. Nous avons ainsi pris du recul sur ce concept : même si la formation était 100% en distanciel, nous allions malgré tout la faire en blended learning, mais en combinant d’autres aspects !

L’école Aston souhaitait justement innover sur ces aspects pour apporter plus d’autonomie aux étudiants, innover dans les formats et rendre les élèves acteurs de leur apprentissage. Depuis le début de notre partenariat, nous construisons les parcours en collaboration. C’est enrichissant d’avoir un regard croisé entre les équipes de l’école, qui ont une vision précise des compétences demandées au titre du certificat RNCP, et nos formateurs qui ont l’expérience de la mise en pratique au sein des entreprises.

Nous avions donc les mains libres pour réinventer l’animation de cette semaine de formation.

Quelles questions vous êtes-vous posées pour renouveler l’expérience de cette formation en blended learning ?

Il fallait absolument innover dans le format pour éviter qu’à partir du mardi les étudiants aient décroché !

Le premier axe de réflexion a porté sur les formateurs. On peut apporter du renouveau en variant les intervenants : changement d’animateur, binôme, autonomie… Les retours d’expérience sont plus riches, et permettent de partager des anecdotes au sein d’entreprises différentes. La diversité des caractères et des styles de prise de parole apporte du rythme.

J’aime animer des formations en binôme car cela crée des échanges avec les participants et entre les formateurs. C’est l’occasion de mixer différentes expériences et différents points de vue. Cela apporte de la richesse à l’animation. J’ai animé avec Marie un module de formation sur les enjeux de la donnée. Notre différence de génération fait que nous avons une approche différente face aux données, car moi j’ai connu un monde “sans donnée“…

François 

Le deuxième axe a été de mixer les modes pédagogiques. Si on ne fait pas disparaître l’affirmatif et le descendant, on valorise le mode interrogatif et tout ce qui permet de mettre les participants en action. Cela peut se faire au travers de quiz en fin de journée pour évaluer les acquis mais aussi en amont pour identifier les connaissances.

A titre d’exemple, sur la première journée, nous avons communiqué quelques chiffres clés sur l’usage du numérique dans le cadre du télétravail. Les étudiants devaient replacer ces données sur les bons éléments. Ainsi, ils pouvaient voir si leur perception correspondait à ce qui était vécu nationalement.

Nous avons aussi utilisé le principe de classe inversée pour les mettre en mode projet. Les stagiaires étudiaient des modèles économiques d’entreprises qui avaient mené leur transformation digitale et les présentaient devant les autres élèves.

Les étudiants ont appréhendé la transformation par le prisme de l’architecture d’entreprise grâce à des analogies appliquées à des contextes connus par ces derniers.

Après une formation théorique sur l’architecture d’entreprise, ces élèves se sont réappropriés ce rôle en essayant de convaincre en simulation un décideur de leur milieu professionnel à l’intérêt de mettre en place cette démarche.

Arthur 

La formation de formateur a aussi été l’occasion d’innover et de transmettre les rôles d’animateurs aux étudiants ! Ils commençaient par une journée entière en autonomie autour de la conception pédagogique afin de préparer leur formation. Celle-ci était suivie d’une journée où les élèves animaient à tour de rôle la formation qu’ils avaient conçue.

Finalement, le parcours était assez classique :  une journée sur la transformation digitale, deux journées sur les enjeux de la transformation au niveau du SI et au niveau des individus, une journée sur les secrets de l’apprentissage et une journée de formation de formateur. Cependant, c’est l’innovation sur la mise en place, l’animation, l’expérience de formation qui a rendu les étudiants acteurs de leur apprentissage.

Si vous deviez mettre en lumière certains points spécifiques de cette formation en blended learning, ce seraient lesquels ?

Proposer un choix d’activité à la carte sur la journée du mercredi était important. Les étudiants pouvaient avancer sur leur mémoire en analysant, au sein de l’entreprise où ils sont en alternance, les dimensions impactées par la transformation digitale. Il leur était aussi offert la possibilité de travailler sur un projet au croisement de la transformation digitale et de la data en imaginant en petits groupes une application au service d’un objectif de développement durable. Celle-ci devait collecter, mettre en forme des données et proposer des services. Par exemple, des étudiants ont envisagé une application smartphone pour scanner les produits non alimentaires et identifier l’impact de la fabrication et du transport sur l’environnement et l’écosystème faune et flore. Cela soulevait de nombreuses questions : quels services rendre ? Quelles sont les données dont on a besoin ? Comment les collecter ?

C’était une occasion pour eux de travailler en mode projet, en petit groupe et à distance. Les retours ont été très positifs sur le fond et le fait d’avoir le choix !

Corentin 

Autre point intéressant : sur la journée 100% en autonomie, nous avons utilisé Classcraft afin de gamifier l’enseignement . Les modules autour des secrets de l’apprentissage et de la conceptionpédagogique étaient présentés sous forme d’histoire, avec une narration. Proposer aux étudiants de vivre une aventure plutôt que de simplement lire des documents nous a paru tout à fait adapté à un cours sur la conception pédagogique !

Il faut aussi savoir tester des choses et ouvrir aux étudiants la possibilité de faire des feedbacks ! Montrer aux élèves que les formations demandent elles aussi du temps de construction et s’améliorent en continu, permet non     seulement de les enrichir mais aussi de rendre les étudiants acteurs de leur apprentissage.

Corentin

Les formateurs ont-ils fait face à des difficultés sur l’animation ou la conception ?

Le point le plus difficile a été la formation de formateur à distance. C’était une journée que nous pensions réaliser initialement en présentiel. On peut ainsi faire des jeux de rôles autour de comportements types de stagiaires et pousser le formateur à s’adapter. C’était la première fois que nous jouions cette formation de formateur en distanciel et cela nous a permis de prendre conscience d’améliorations à apporter.

Par exemple, pour faire des feedbacks, il n’est pas évident d’identifier ce qui est lié à      la personne ou à des contraintes techniques. En cas de souci au niveau de la voix, cela vient-il de la posture du stagiaire ou de problèmes de micro ? Nous nous sommes ainsi forgés de nouvelles convictions pour bonifier la formation ! 

Mathieu    


Concrètement, comment vous êtes-vous organisés pour basculer cette formation en 100% digital ?

Chaque formateur s’est demandé comment animer sa partie à distance, et nous avons ensuite partagé nos idées. Cela a aussi soulevé de vraies réflexions sur l’évolution du contenu. Sur la formation de formateur, les compétences de l’animateur sont-elles les mêmes en présentiel et en distanciel ? Si le socle est commun, il y a des variations. La To Do list du formateur n’est pas la même sur l’organisation logistique, et les compétences doivent s’adapter. La maîtrise des outils numériques pour faciliter l’animation à distance est essentielle par exemple !

Cela nous a permis de commencer à poser un guide de bonnes pratiques pour basculer des formations du physique au digital. Le focus est notamment fait sur les leviers pour rendre la formation encore plus interactive. Comment faire varier les séquences et passer plus rapidement à la mise en pratique ? Comment utiliser les outils numériques pour recréer les conditions des formations physiques ? Cela requiert une re-scénarisation complète de la formation. Que vit l’apprenant à chaque étape de la formation ? Quelles actions sont attendues de la part du formateur et de l’étudiant ?

Selon vous, il y a un mouvement de fond pour concevoir des formations adaptées au distanciel ?

Il faut bien séparer ce qui est un impératif court terme, et les besoins long terme. Oui, nécessairement, avec la crise sanitaire, beaucoup d’entreprises avaient des formations en interne animées par des experts qui sont bousculées par l’impératif de passer en distanciel. Il faut assurer la continuité de ces formations et cela demande une réponse à court terme.

Il y a aussi une prise de conscience que les formations distancielles ou en blended-learning répondent à des nouveaux enjeux : disponibilité des formateurs, localisation géographique des participants, durée variable…

Le domaine de l’éducation et de la formation a globalement tardé à faire le pas de la transformation digitale et a été profondément bousculé par la crise. Côté commerce, la question de faire un site e-commerce en complément d’un magasin ne se pose plus… dans l’éducation c’est le même enjeu ! Ainsi, il ne faut pas perdre de vue que s’il y a les contraintes imposées temporairement par la crise, il faut aussi se demander ce qu’il faut faire évoluer sur le moyen et long terme. Le présentiel comme le distanciel ont leurs avantages : pour chaque formation, chaque module, quel format sera le plus impactant ?

Maîtrise du numérique, barrière de l’écran… cette évolution peut faire peur. Il faut accompagner les formateurs sur ces nouveaux enjeux, et les rendre confiants sur l’usage des outils numériques. D’un frein, d’une crainte, le numérique doit devenir un atout.

Les outils numériques ne doivent pas être des barrières pour atteindre les objectifs pédagogiques !

Corentin 

En plus de ces enjeux de coaching, nous accompagnons aussi les entreprises sur la transformation de leurs parcours de formation et la conception pédagogique. C’est l’occasion d’intégrer de nouvelles pratiques et de rendre les parcours plus modulaires. Pour chaque séquence, il faut analyser les médias à utiliser, les messages clés, les objectifs… Construire des micros-briques de connaissances qu’il est possible d’agencer comme on le souhaite est une étape importante de la conception et ouvre aussi des portes vers l’e-learning !

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