Comment développer
les soft skills
et le « travailler ensemble » grâce à la formation
et la ludopédagogie ?

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Interview croisée : retour d’expérience sur la semaine de formation Travailler ensemble au sein d’Aston Ecole Informatique

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Du 20 au 24 septembre 2021, Projexion a coanimé avec Simon Keller, co-fondateur du Labo des je(ux) et également coach et formateur, la semaine de rentrée des chefs de projets en transformation digitale d’Aston Ecole Informatique du campus de Lille.

Cette semaine de formation sur le travailler ensemble et le développement des soft skills était l’occasion de créer la cohésion et un sentiment d’appartenance au sein de la promotion des étudiants en dernière année de master. 

Simon et Mathieu, facilitateur Lego Serious Play et formateur au sein de Projexion, reviennent sur les enjeux de cette formation et le rôle du jeu pour prendre conscience et cultiver ses soft skills.

Simon : 

Cela fait écho à une récente discussion avec la DRH d’une grande entreprise. Elle a clairement exprimé « La formation et les hard skills passent maintenant en 2ème plan. Le premier critère d’embauche, ce sont les soft skills ».

Si chaque entreprise a son propre langage sur le sujet – on parle de soft skills, de compétences transverses ou de compétences douces – quasiment toutes se retrouvent sur leur importance. Dans de plus en plus d’organisations, je vois apparaître des formations à l’assertivité, à la gestion des émotions… Et celles-ci ne sont plus réservées aux managers : le public touché s’élargit de jour en jour !

Les enjeux d’agilité et l’accélération des transformations ont participé à cette prise de conscience. J’ai donné un cours l’année passée sur la conduite du changement auprès d’étudiants en master 2 RH. Un des fils rouges du cours était que l’accompagnement au changement classique devient inutile, car on ne peut plus programmer sur 3 ans tout ce qui va se passer : les chefs de projets doivent avant tout savoir comment surfer sur les évènements, s’adapter, embarquer une équipe impliquée et être facilitateur de la transformation.

Mathieu :

Les soft skills et la capacité à travailler ensemble ont toujours été importantes, mais il y a eu une mise en lumière ces dernières années. Les chefs de projets maîtrisent maintenant les méthodologies et les outils : ce n’est plus sur ce sujet qu’ils sont attendu. Avec ce socle commun, la différence et l’efficacité se jouent maintenant sur le relationnel et la posture. 

Bien évidemment, ce rôle des soft skills en gestion de projet est encore plus critique dans certains contextes. Dans les projets de transformation, beaucoup se joue sur l’adhésion ! Pour autant, il ne faut pas négliger leur rôle dans la chefferie de projets liés au Système d’Information par exemple. Ce n’est pas car le sujet est technique que le travail en équipe perd de l’importance.

Les soft skills sont maintenant attendues dans tous les types de projets. Elles ne sont plus réservées aux grands projets de transformation !

Mathieu 

L’objectif est simple. En arrivant en début d’année, les étudiants ne se connaissent pas. Ils viennent d’horizons variés, et sont en alternance, donc dans des contextes professionnels différents.

Les faire réfléchir sur comment travailler ensemble, comment communiquer entre eux, et tout simplement se connaître permet de donner corps à un esprit de promotion dès leur arrivée. Si en entreprise, ils travaillent individuellement, ils doivent aussi se retrouver dans un groupe soudé au sein de l’école. 

C’est un peu le principe des séminaires d’intégration, mais avec une approche douce et surtout une vraie ingénierie pédagogique et des livrables en sortie qui serviront de rappel pendant toutes l’année !

Nous étions complètement en phase sur cet objectif avec Aston Ecole Informatique : à partir de cette thématique, nous avions la latitude pour organiser et faire intervenir plusieurs compétences sur la semaine. La première journée, le lundi, nous avons utilisé la méthode Lego Serious Play par exemple, qui est une approche originale dans ce contexte étudiant !

Simon :

Si nous sommes tous d’accord sur le rôle des soft skills, il faut mettre un soin particulier à les développer et à en prendre conscience, y compris lors de ses études !

Pour compléter ce que dit Mathieu, un autre objectif pour les étudiants est d’apprendre à mieux se connaître. Mettre à profit cette semaine pour affirmer ce que je sais de moi, et partager son « mode d’emploi » avec les personnes qui vont m’accompagner pendant l’année.  Quelles sont mes valeurs ? Mes atouts ? Mes points de tensions ? Difficile d’aborder ses points, pourtant essentiels pour la cohésion de la promotion, sans créer une opportunité dédiée et une zone de confiance.

Une de mes convictions, c’est que dans la plupart des métiers, le meilleur outil, c’est soi-même.  Comment puis-je décrypter mes propres mécanismes ? Ma relation avec les gens et avec le monde ?

Mon intervention sur la 2ème journée, le mardi, portait ainsi sur la vision du monde, les émotions et ensuite comment se construire son blason, c’est-à-dire son « mode d’emploi » : valeurs, compétences, irritants, besoins…  Mercredi, était une journée de travail en autonomie et le jeudi, animé par Léa et David de Projexion, était consacré à l’animation d’ateliers d’intelligence collective. 

La dernière journée était sur le thème de la coopération et le développement de l’assertivité. Au travers de mises en situation, nous avons facilité la définition, par les étudiants, des manières de travailler ensemble. C’était également l’occasion pour les étudiants de donner et recevoir des feedbacks, et d’aborder la gestion de conflits.

Simon :

Il y a déjà un fait : quand on est en train de jouer, on ne fait pas autre chose. Non seulement, on est bien plus concentré sur le moment, et on est également plus proche de « l’enfant libre » et ainsi du spontané, de l’émotif. Ces deux facettes facilitent grandement l’apprentissage, et encore plus lorsqu’il porte sur le travailler ensemble et les soft skills. 

Le jeu permet de laisser de côté les questions « Quelle attitude dois-je adopter ? Vais-je être bien vu ? Est-ce que je fais prends un risque professionnel à partager cela ? ». 

C’est pour ces raisons que je suis convaincu des apports des jeux. Nous utilisons bien sûr le debrief pour amener les apprenants à conscientiser les choses : « A ce moment-là, tu as réussi à prendre le lead, comment as-tu fait ? Qu’est-ce que tu as ressenti ? », « Face à ce problème quelles sont les manières d’agir que tu as mises en pratique entre fuite, agression, manipulation et assertivité ? Pourquoi ? »

Chaque participant se rend ainsi compte des soft skills qu’il a déployées inconsciemment durant la partie, pour bien les intégrer. Mélanger une situation expérientielle, une phase de debrief puis une facette théorique est une excellente méthode pour prendre conscience et développer ses soft skills. En se voyant faire, on matérialise ses compétences, et on peut les transférer dans des environnements externes et professionnels.

Pour conclure, ma conviction sur le pouvoir du jeu pour développer le travailler ensemble et les soft skills repose sur le triptyque : vivre pleinement le moment, expériencer, et la Gestalt. Le jeu vient créer la relation naturellement, et je me rends compte par l’expérience et la réaction des autres de mes comportements et de leurs impacts.

Mathieu :

Je partage entièrement les convictions de Simon ! Le jeu est un bon vecteur pour faire émerger qui on est et comment on fonctionne. Nous avons tous un profil de joueur intrinsèque, qui rejaillit aussi dans les autres domaines, personnels comme professionnels. Les effets miroir des autres joueurs vont permettre à chacun d’apprendre à se connaître, et ainsi à pouvoir évoluer.

Les mises en situation, et le partage d’astuces et de conseils lors des debriefs permettent ensuite de développer ses soft skills, à partir de cette prise de conscience par l’expérience.

Par exemple, avec un icebreaker, le spaghetti challenge – où des équipes doivent construire la plus grande structure avec un nombre limité de spaghetti – on va très rapidement identifier les compétences et le profil. Qui va suivre ? Qui va prendre le lead ? Qui va prendre du recul ? Qui va chercher à être dans l’opérationnel ?

Au-delà des soft skills, les approches ludiques représentent aussi une opportunité pour faire passer des messages et mieux les appréhender. Présenter une nouvelle organisation, une évolution de process, mais également développer des hard skills, a beaucoup plus d’impact par le jeu que par un discours descendant sur paperboard ! C’est plus enrichissant et mieux perçu par les participants qui peuvent directement vivre l’expérience de ce changement par une mise en situation ludique : jeu de rôle, gamification d’un process…

Le jeu nous pousse dans nos retranchements. Il a un impact fort sur la connaissance de soi.

Simon :

Cela me fait réagir sur un autre point ! Le jeu offre aussi une capacité à visualiser et à se projeter. Il permet de partir dans un imaginaire, de révéler les comportements de l’individu, de l’équipe et de l’entreprise, puis de le ramener à ce que l’on souhaite pour son équipe et son entreprise.

Pour illustrer, nous avions animé avec Mathieu chez un client un jeu autour du voyage. L’équipe avait un objectif commun – voyager tous ensemble – et chaque joueur disposait d’un objectif individuel lié à une carte personnage piochée en début de partie : partir en train, dépenser le moins possible… Dans cette mise en situation, l’équipe a hacké le jeu sans s’en rendre compte : chacun a exprimé clairement ses besoins et a tout posé sur la table. Très rapidement, ils ont pu résoudre le jeu. Dans de nombreux autres cas, les joueurs considèrent leurs objectifs individuels comme un élément à masquer… car justement personnel. Pourtant, l’objectif individuel ne s’oppose pas forcément à l’objectif de l’équipe ! 

Le jeu s’applique tout à fait pour du Team Building. Cependant, au-delà du plaisir et de la cohésion, je suis persuadé qu’on peut toujours intégrer une dimension plus profonde pour transmettre un concept, des messages, des idées… C’est un moment plaisir mais pas uniquement !

Mathieu :

Le socle de notre collaboration, ce sont avant tout nos valeurs communes, entre Simon et Projexion. Bien sûr, nous sommes tous les deux passionnés par le jeu, comme Corentin, le manager de l’offre Formation. Nous avons également vécu des expériences très positives par le passé : chez des clients, à la Fabrique du changement ou lors d’un séminaire à la sortie de COVID « Comment retrouver de l’informel à distance ? ».

Chez Projexion, nous sommes convaincus qu’il ne faut pas se limiter à sa propre organisation. Diversifier les intervenants et les partenaires apporte des points de vue différents ainsi que des personnalités et des compétences variées. C’est une valeur ajoutée pour nous comme pour nos clients. C’est pour cela que nous apprécions d’intervenir en binôme dans nos formations et nos animations, afin de provoquer une richesse dans les échanges.

Les liens et les partenariats avec notre écosystème apportent de la richesse à nos clients, à nos consultants et permettent d’étendre le catalogue de ce que nous pouvons proposer. Si, pour une prestation, un intervenant externe peut apporter plus de valeur, nous savons aller le chercher !

Simon :

J’ai accroché avec Corentin et Mathieu dès le début. Nous avons des intérêts partagés pour la formation, la ludopédagogie et nous avons tous envie d’avancer, d’avoir de l’impact ! Sans compter que les relations sont tout simplement fluides et qu’on prend du plaisir à travailler ensemble.

Ce n’est pas pour rien qu’on organise la Serious Game Jam avec Les Frappé.e.s du Game en janvier 2022 à Lille.

Cet écosystème que nous développons dans la région permet de créer des interactions entre des personnes intéressées par les mêmes sujets, et très complémentaires en termes de compétences. Nous avons tout intérêt à créer les rencontres et l’émulation autour des convictions ludiques et du développement des compétences douces que nous défendons.

C’est aussi une mise en pratique de l’assertivité : accepter que des personnes sachent mieux faire que nous, et le transformer en force pour apporter plus de valeur à nos clients !

J’ai par exemple un socle de compétences limité dans les métiers numériques et le SI, contrairement à Projexion, mais j’apporte une expérience de coaching et de développement de l’introspection. J’interviens en effet sur tous les enjeux de la relation humaine et de la communication en équipe.

Simon 

Un moment qui m’a marqué était le jeu du totem le dernier jour. Chaque participant doit attribuer un totem animal qui sert de prétexte pour partager des feedbacks et contextualiser les messages. Je me rappelle très bien un binôme qui est resté pendant tout l’exercice ensemble. J’ai ressenti chez eux un vrai besoin d’aller en profondeur dans le partage. Pourtant, ils se connaissent bien, mais c’était un moment à part, hors du temps, qui créait une occasion d’exprimer et partager des choses qu’on ne se dit sinon jamais !

Passer du jeu, au je, au nous !

Mathieu

Pour moi, cela a été la co-construction des principes de la vie future de la promotion par les étudiants au travers de la méthode Lego Serious Play. Transparence, convivialité, entraide… Tout cela a été schématisé pour finir au travers d’affiches, qui resteront pendant toute l’année. C’était beau de se dire qu’on laissait ces éléments comme un « Souvenez-vous de ce que nous nous étions dit ! », et qu’il y avait un résultat tangible à la séance qui aura un impact sur toute la promotion : ils ont pu créer par eux-mêmes leurs lignes directives de vie en collectivité.

Au départ, les étudiants étaient étonnés de voir les boîtes de Lego, et ensuite étonnés de tout ce qu’on était capable de faire et véhiculer avec !