Ce que travailler en mode agile m’a appris

Comment travailler en mode agile dans les projets et les organisations ?

Après avoir été chef de projet e-commerce et chef de projet UX en ESN et au sein de directions digitales chez des retailers, notre consultante en organisation et management de projets digitaux nous fait part de ses réflexions et de son retour d’expériences sur le « mode agile ».

L’expression « travailler en mode agile » est souvent utilisée… est-ce un effet de mode ?

C’est une réalité ! L’expression vient de l’informatique ; en l’espace de 3-4 ans j’ai vu un basculement s’opérer dans les métiers du digital vers les méthodes agiles. Même les fervents défenseurs du cycle V ont sauté le pas !

Ces approches ont également conquis l’ensemble des métiers de l’entreprise, parfois avec de mauvaises interprétations. L’agilité est souvent confondue avec la flexibilité, le fait de travailler sans objectif précis ou de s’autoriser de gros écarts. On justifie souvent les réorganisations systématiques par le fait d’être agile.

Quand on est formé à ces méthodes, on sait que travailler dans un environnement agile demande beaucoup de rigueur : c’est un état d’esprit et des des rituels.

Quelle est ta conception des méthodes agiles ?

C’est important d’avoir une formation sur ces méthodologies pour savoir ce que cela désigne. J’ai été formée à Scrum en 2015 : c’était pour moi une nouvelle façon d’appréhender le projet web. En ESN, j’avais l’habitude de travailler en cycle V. A la suite de cette formation, j’ai participé à mon premier projet e-commerce en mode agile.

Je n’ai pas eu du jour au lendemain « l’esprit agile ». Le cadre de travail était très différent : la question de la valeur et de l’usage est centrale et on accorde une grande importance à ce que l’on délivre. Par exemple, quand je faisais une refonte de site e-commerce en cycle V, il était fréquent que l’on commence par la page d’accueil alors que ce qui importait le plus, c’était la fiche produit. Avec l’approche agile, on priorise : de quoi ai-je absolument besoins sur la fiche produit ?

L’idée n’est pas de développer toutes les fonctionnalités mais d’obtenir un MVP (minimal viable product). Pour résumer, on commence toujours par le plus utile, puis on itère et on améliore. Les tests  me permettent de tirer des enseignements et de créer ma roadmap.

Tu évoquais la méthode SCRUM, quelles sont les autres méthodes utilisées ?

Il existe également KANBAN, KANBAN SCRUM et autres dérivés… Plusieurs méthodes peuvent cohabiter. Chez un client au sein de l’équipe e-commerce, chaque « feature team » s’organisait avec la méthode qui lui convenait le mieux.

Finalement, l’approche reste la même : livrer régulièrement de la valeur et obtenir les retours des clients et des utilisateurs. Les exemples que j’ai cités sont des méthodologies informatiques, dans les métiers on parlera plus d’approche agile.

Justement, est-ce que tout le monde peut travailler en mode agile ?

Oui, l’agilité peut s’appliquer dans des contextes et des métiers très différents en maintenant les grands principes : s’auto-organiser, délivrer de la valeur rapidement et obtenir des retours utilisateurs. Dans des organisations complexes avec des changements fréquents, il faut aller vite. L’environnement ne permet plus de dérouler de gros projets sur 3-4 ans. Le fait de donner de la visibilité, de faire travailler des équipes pluridisciplinaires, d’avoir des rituels et du management visuel sont des transpositions intéressantes à mettre en place.

Quels sont ces fameux rituels ?

Tout d’abord, il est important d’avoir un cadre de travail qui favorise l’interaction et la proximité. Sur un projet digital, il est courant de regrouper des équipes pluri-disciplinaires au sein d’un open space avec les équipes de développeurs, le product owner et le scrum master.

Avant de commencer sa journée, on pratique le daily meeting : on échange durant 10 minutes chronométrées pour éviter la dérive de la réunionite. On fait le point sur ce qui a été fait la veille et ce qui va être réalisé le jour même. Le fait de verbaliser les choses au sein de son équipe permet de bien s’organiser et de prendre des engagements.

Ensuite il y a des sprints :  au démarrage, il y a une revue de sprint pour inspecter l’incrément réalisé et adapter si besoin le backlog. Les personnes de l’équipe s’engagent sur des tâches et estiment les temps de réalisations. Cela permet de se positionner, de s’auto-évaluer et aussi de s’auto-réguler collectivement.

Enfin il y a la démo. Le métier va être invité à voir ce qui a été réalisé. Cela permet d’engager les utilisateurs finaux, de mieux cerner leurs attentes. En retour, les équipes techniques peuvent échanger sur leurs propres contraintes et l’état d’avancement du projet. Toutes les parties prenantes s’en trouvent rapprochées.

 

Quelles peuvent être les difficultés dans l’adoption des méthodes agiles ?

Travailler en mode agile ne se décrète pas. La formation et le coaching avec du suivi sont indispensables au départ. Le plus gros frein, c’est quand seul l’IT travaille en mode agile et que le reste de l’entreprise suit des cycles différents. Quand deux temporalités et méthodologies se confrontent, les projets avancent moins bien ; d’où l’intérêt de former les métiers à l’approche agile.

Que propose Projexion en termes de formation pour travailler en mode agile ?

En plus du coaching que nous pratiquons sur des temps plus ou moins longs, nous avons une formation qui s’intitule Gestion de produit agile. Il s’agit d’une introduction pour les métiers qui souhaitent l’appliquer ou comprendre ce que c’est. Nous leur permettons de s’approprier les grands principes. Après, il est possible d’aller passer des certifications de product owners.

Pour conclure, pourquoi l’IT et les métiers ont tout intérêt à travailler en mode agile ? Quels bénéfices as-tu constaté lors de tes expériences ?

La victoire c’est toujours quand des métiers qui ne se parlaient pas se rapprochent. Les développeurs doivent échanger avec les designers, les équipes métiers. Côté métier, cela permet d’ajuster des stratégies par rapport à une meilleure compréhension des enjeux (et contraintes) techniques.

L’approche agile donne souvent plus de visibilité et permet de d’embarquer les équipes autour d’une vision produit partagée. Si les projets sont réalisées plus rapidement et délivre plus de valeur, l’organisation en ressort gagnante.

 

 

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