S’appuyer sur une méthode et une gestion de projet pragmatique pour mettre en place une démarche RSE dans son entreprise

Mettre en place une démarche rse en entreprise

Consultante chez Projexion, Caroline est une éternelle optimiste. Curieuse et engagée sur les thématiques RSE, ce parcours a commencé par son chemin personnel pour rejoindre son parcours professionnel chez Projexion au travers de sa certification « Déployer une démarche RSE concrète et pertinente », et des missions qu’elle anime. Un engagement qui part du cœur pour rejoindre la tête et renforcer son alignement personnel ! Dans cette interview, elle nous partage ses conseils et ses retours d’expérience pour mettre en place une démarche RSE dans les organisations.

Pourrais-tu nous redonner le cadre légal de la RSE pour les entreprises ? Pourquoi elles devraient se mettre en mouvement sur cette thématique ?

La RSE (responsabilité sociétale des entreprises) est une démarche qui se veut volontaire, systémique et cohérente. Elle est censée être menée en concertation avec les parties prenantes. Je veux souligner ce « volontaire » : pour porter du sens, la démarche doit s’inspirer avant tout des convictions et des valeurs de l’entreprise. Cependant, il y a également un cadre réglementaire de plus en plus incitatif pour que les entreprises se mettent en marche comme la réglementation CSRD (Corporate Sustainability Disclosure Requirements), la déclaration de performance extra-financière (DPEF) ou la loi AGEC. Je vois cela comme des opportunités plus que comme des contraintes : déployer en amont de manière structurée une démarche RSE permet d’anticiper l’évolution du cadre légal. Ce dernier va nécessairement se développer pour concerner plus d’entreprises, avec un cadre plus engageant, des types de reporting demandés plus poussés, etc. Au lieu de subir, c’est l’occasion d’anticiper, voire d’inspirer d’autres entreprises de son écosystème ! A cela, s’ajoute une volonté d’harmoniser au niveau européen, et peut-être mondial, le cadre réglementaire. C’est un enjeu de juste concurrence, et d’avancer plus facilement au niveau des écosystèmes d’entreprises.   Recueil ressources sobriété numérique

Pour les entreprises, la RSE est encore souvent assez conceptuelle. Comment avancer pas à pas sur la mise en place d’une démarche RSE ?

C’est certain qu’on ne s’improvise pas « engagé RSE » en tant que personne et encore moins en tant qu’entreprise ! Une démarche RSE se déploie en plusieurs étapes. L’engagement doit autant que possible venir de la direction, car c’est elle qui porte la vision et la stratégie… et peut donc inscrire cette démarche au niveau le plus haut. Cet engagement de la direction est la première étape ! Avant de parler de la démarche, beaucoup d’entreprises réalisent déjà, directement ou au travers d’initiatives de collaborateurs, des actions à connotation RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises). La vision d’ensemble n’est souvent pas assez valorisée : les collaborateurs n’en ont pas tous conscience. La deuxième étape est ainsi de mener un diagnostic pour réaliser un état des lieux de l’existant. Je conseille d’utiliser deux grilles de lecture. Les 17 Objectifs de Développement Durable (ODD) permettent de vraiment quadriller les objectifs auxquels l’entreprise souhaite contribuer. « Pas de Pauvreté »,  « Egalité entre les sexes », « Eau propre et assainissement », « Consommation et production responsables », « Lutte contre les changements climatiques »… ils couvrent les 3 piliers, Environnement, économie et social. L’autre guide que je conseille est la norme ISO 26000 « Responsabilité sociétale ». Cette norme apporte une structure au diagnostic au travers de 7 questions centrales (L’environnement, les relations et conditions de travail, les droits de l’homme, les communautés et le développement local, les questions relatives aux consommateurs et la loyauté des pratiques). Grâce à ces 7 questions, nous pouvons appuyer chaque dimension de la RSE. Cette norme se veut non certifiable afin que toutes les entreprises et les collectivités puissent se l’approprier sans contraintes de moyens et de ressources.  La fin du diagnostic aboutit à un livrable sous la forme de tableau récapitulant toutes les actions RSE mises en place dans l’entreprise.

« Sans diagnostic, et sans guide, la démarche est difficile à structurer : impossible de savoir d’où on part ! »

  La troisième étape part de cet état des lieux pour bâtir une première déclinaison de plan d’actions. Pour prioriser les enjeux au croisement des prismes internes, de l’écosystème et de la direction, je préconise d’utiliser une matrice de matérialité RSE. Pour être pertinent, les ateliers de travail prennent comme inputs les anciens rapports RSE si existants, le diagnostic avec les grilles de lecture et la matrice de matérialité, afin de définir les actions concrètes à mettre en place selon les enjeux définis comme prioritaires. Vient alors la 4ème étape de déploiement ! Elle est similaire à de la gestion de programmes, avec un prisme RSE bien sûr. Un élément important est la transversalité des sujets RSE : toutes les directions seront touchées même si, selon les priorités, certaines le seront plus que d’autres. Encore plus que dans un projet classique, mettre en place une gouvernance RSE est ainsi primordiale ! Ce cercle de décisions arbitrera sur la déclinaison des plans d’actions par direction. Cette gouvernance aura des relais dans les directions, à des degrés différents et avec des KPI spécifiques. Ils permettront de faire remonter les informations clés à l’instance de gouvernance afin d’adapter les plans d’actions et les prochaines étapes. Par exemple, si un des enjeux est l’acculturation des clients finaux aux sujets RSE, la direction de la relation client sera en particulier impliquée, avec des indicateurs spécifiques.

Structurer et gouverner repose aussi sur la mesure ! Si ce n’est pas nouveau dans la gestion de projet, la dimension RSE ne doit pas faire exception à cette règle. 

Pour conclure, l’étape 5 correspond au suivi des actions et l’étape 6 à l’amélioration continue. Le diagnostic est une photo à un instant T : être transparent et analyser à certains jalons ce qui a été mis réellement en place, ce qui a apporté des résultats ou non, est essentiel.  Ce sont ces analyses qui permettent d’un côté de mesurer l’avancement et de définir les prochaines étapes d’amélioration, et également de valoriser les résultats intermédiaires en interne et en externe. C’est l’étape 7 de valorisation des actions !

Mettre en avant les actions et les résultats requiert de la formalisation. Cette valorisation est un levier central pour embarquer et impliquer plus largement l’écosystème des parties prenantes.

La démarche RSE est un projet… qui ne finit jamais ! Au cœur de la stratégie, elle est toujours poursuivie et challengée pour aller un cran plus loin.

 

 

Comment accompagner cette démarche RSE ? Sur quels supports et bonnes pratiques peuvent s’appuyer les entreprises ?

Le sujet des indicateurs n’est pas simple à appréhender. Il y en a potentiellement beaucoup. Ceux qui nécessitent souvent un accompagnement, car plus difficiles à mesurer, sont pour moi le bilan carbone (LIEN https://www.projexion.com/carrefour-apprentissage/durable-responsable/cadrage-bilan-carbone/ ) et l’empreinte numérique. Dans le retail, mesurer l’impact de sa filière logistique est souvent une des premières étapes par exemple. D’autres sont plus accessibles comme les heures de formation, le nombre d’embauches de séniors, la diminution du volume de déchets… Au global : ces sujets RSE ne sont pas innés. Dans le cadre de ces démarches, être accompagné et formé est habituellement nécessaire : sur la phase de diagnostic, sur l’accompagnement au changement aussi bien que sur des aspects plus opérationnels comme la réalisation de bilan carbone. L’impact en termes métier demande également de l’expertise : faire des recommandations d’architecture du Système d’information sur la facette durabilité et sobriété demande un vrai socle de connaissances ! En termes d’organisation, je préconise la mise en place de l’instance de gouvernance à laquelle je faisais référence. Disposer également d’une personne transverse, capable de se positionner comme référent, et clairement identifiée, facilite la mise en mouvement de l’entreprise. Cette personne ne peut cependant pas tout faire toute seule, ni être experte de tout ! Une fois la stratégie définie avec la direction, pour la déployer dans l’entreprise, elle doit pouvoir s’appuyer sur des ambassadeurs RSE. Ces derniers ont chacun leur périmètre et pourront remonter les fameuses mesures auprès du comité de gouvernance. Ils vont également s’appuyer sur certaines directions comme la direction de la communication, des ressources humaines et de la transformation.

Ces ambassadeurs RSE ne sont pas forcément les directeurs de chaque service concerné. La direction a ses propres objectifs et avoir une autre personne qui a la légitimité pour les challenger et intégrer cette dimension est un bon levier.

Si, chez Projexion, nous accompagnons du constat à la mise en mouvement, notre objectif est que l’entreprise prenne conscience du sujet, se renforce sur sa capacité d’analyse et son bagage méthodologique afin de devenir de plus en plus autonome. 

Un de mes retours d’expérience, c’est qu’il est préférable de se concentrer sur trois grandes priorités pour commencer plutôt que de multiplier des sujets qui seront traités superficiellement.

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Pourrais-tu nous partager un exemple de mission que tu as mené sur le sujet RSE ?

Bien sûr ! Au sein d’un groupe de Protection Sociale, le besoin initial était de sensibiliser l’équipe organisation à la RSE afin de piloter ensuite des objectifs dédiés. Durant les échanges, nous nous sommes rendu compte que l’enjeu dépassait la cellule organisation pour toucher toute l’entreprise. En tant que service transverse, l’équipe organisation peut impulser cette approche auprès des autres services. La première journée portait sur de la sensibilisation à la RSE afin de disposer tous du socle commun de connaissances. Ensuite, nous avons poursuivi sur le diagnostic en mettant l’accent sur ce qui était déjà mis en place dans l’entreprise. En collaboration, nous avons réalisé un argumentaire SWOT pour convaincre la direction. La deuxième journée, nous sommes partis des enjeux RSE présélectionnés avec le donneur d’ordre pour l’atelier. L’équipe organisation a travaillé sur ses enjeux propres ainsi que les actions et indicateurs que la mise en place de la démarche impliquerait. Un autre livrable était un macro-planning avec les priorités et les actions à court, moyen et long terme. Un autre axe a porté sur la manière de mobiliser les différentes parties prenantes, et la valorisation des résultats qu’ils produiraient. La vocation des livrables était en effet de faciliter la mise en mouvement sur des aspects pragmatiques ! Dans un autre projet, suite au pilotage d’une expérimentation dans un groupement d’entreprises, nous avons étudié les gains financiers et extra-financiers et nous sommes en cours de consolidation dans un livrable. Chaque adhérent du groupement peut ainsi s’en inspirer et l’adapter à son propre modèle d’affaires. 

Ma ligne directive : se rendre compte ce qui est déjà fait, formaliser, agir, mesurer, valoriser !

Intéressé par le sujet ? Visionnez le replay de notre évènement : Comment piloter des projets d’entreprise en intégration les enjeux RSE.

 

 



 

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