La matrice de matérialité RSE et sa mise en application dans le cycle d’ambition de Projexion

Carnet de bord durable
Exemple de mise en pratique d’une matrice de matérialité RSE

Les enjeux de responsabilités sociales et environnementales ainsi que ceux de transition vers le développement durable (STM pour Sustainable Transition Management) et de reporting extra-financier (CSRD…) sont de plus en plus présents dans les entreprises. Néanmoins, la mise en mouvement repose souvent sur une première étape de cartographie et de hiérarchisation afin de se les approprier dans chaque organisation… et ensuite pouvoir se mettre en mouvement !

Violaine pilote le cycle d’ambition de Projexion qui porte sur l’accompagnement des transformations durables et responsables de nos organisations. Elle nous partage dans cette interview son retour d’expérience autour de l’utilisation de la matrice de matérialité RSE dans le contexte de Projexion, et les portes que cela ouvre auprès de notre écosystème et de nos clients.

 

 

Peux-tu nous présenter ta définition d’une matrice de matérialité RSE et son intérêt  ?

Une matrice de matérialité RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) est un outil d’évaluation qui va permettre de consulter toutes les parties prenantes afin d’identifier, cartographier, évaluer et prioriser ses enjeux RSE. Elle a vocation à les intégrer dans la stratégie globale de l’entreprise afin de garantir une cohérence entre les actions menées et les objectifs sociétaux. Sa bonne utilisation repose sur la sollicitation de tout l’écosystème, interne comme externe, afin d’avoir une vision exhaustive ainsi que sur la mise en place d’une gouvernance associée.

 

Quelles sont les étapes pour mener réaliser et exploiter sa matrice de matérialité RSE ?

1ère étape : cartographie des parties prenantes et identification des enjeux

La première étape est donc déjà d’identifier les parties prenantes, cela peut se faire grâce à une carte mentale par exemple : personnes internes, clients, fournisseurs, partenaires ou associations. Une autre démarche préalable consiste à recenser les enjeux à analyser. Ce n’est pas la matrice qui définit les enjeux ! 

Pour prendre un peu de recul, la hiérarchisation des enjeux RSE dépend de chaque contexte d’entreprise. Selon qu’on soit une société qui va vendre des produits finis, proposer des services en BtoB ou fournir de l’énergie par exemple, les leviers écologiques et sociaux sont différents ! La matrice de matérialité RSE permet ainsi de s’approprier les actions à mettre en place selon les risques et les opportunités priorisés par les parties prenantes et leurs impacts sur la performance de chaque organisation. Cette vision est très liée à la raison d’être de l’entreprise et son utilité pour la société.

2ème étape : hiérarchisation

2/ L’étape suivante est de demander aux parties prenantes de prioriser et hiérarchiser, selon eux, les enjeux par ordre d’importance. Par exemple, pour le client d’un industriel de l’alimentaire, est-ce la montée en compétences des salariés ? L’impact environnemental de chaque usine ? L’achat du lait à un prix équitable ? La valorisation des produits laitiers dans des pays défavorisés à des prix réduits ? 

Tout l’intérêt de la démarche est que la matrice de matérialité vient aider la réflexion globale de l’entreprise en termes de stratégie RSE, mais également de communication et de mise en œuvre. Elle a le mérite de poser un certain nombre de prérequis et de structurer l’approche.

 

Si la liste des enjeux et des parties prenantes n’est pas suffisamment complète et précise dans les choix, c’est toute la démarche qui est remise en cause, car la vision sera partielle ! L’approche doit être quantitative et statistique.

 

3ème étape : visualisation et présentation des enjeux

Une fois les scores par enjeu consolidés, ceux-ci peuvent être positionnés sur l’axe vertical de la matrice de matérialité. Il va ensuite intervenir à un niveau stratégique de l’entreprise, avec le Comité de Direction par exemple, pour identifier comment, eux, positionnent les enjeux. L’objectif est de capter la vision de l’entreprise, et ainsi positionner les enjeux sur l’axe horizontal.

Les enjeux RSE prioritaires sont ceux en haut à droite du cadran. Sur ceux en bas à droite, l’objectif est de travailler avec les parties prenantes pour les engager sur ces sujets. Sur ceux en haut à gauche, c’est à l’instance stratégique d’arbitrer s’ils priorisent les demandes des parties prenantes.

La matrice de matérialité devient ainsi un guide visuel puissant pour le Comité de Direction et éclaire les choix stratégiques en mettant en avant les actions qui auront le plus grand impact sur la durabilité de l’entreprise, tant en interne qu’en externe !

4ème étape : validation des enjeux prioritaires et informations des parties prenantes

Pour finir, ce support va faciliter l’information et l’argumentation des résultats auprès des parties prenantes, en toute transparence et en lien avec le plan d’actions concret qui va être mis en place. 

Hiérarchisation des enjeux avec la matrice de matérialité RSE

Le projet ne s’arrête bien sûr pas là ! C’est une démarche qui s’inscrit dans le temps : informer les parties prenantes, mettre en place le plan d’actions, actualiser et réviser la matrice de matérialité…

Comment en es-tu venue à découvrir cet outil d’analyse RSE ? 

J’étais en mission pour accompagner un groupe de travail sur l’éco-conception de produits textiles. C’est durant le cadrage que j’ai entendu parler de la matrice de matérialité réalisée au sein de cette entreprise française de magasins de prêt-à-porter. J’ai récupéré l’étude, et j’ai trouvé l’approche intéressante mais encore assez floue dans son usage concret à l’époque.

Ensuite, dans le cadre de ma formation à HEC sur le Sustainable Transition Management, un des premiers modules portait sur tous les éléments qui constituent ta feuille de route vers cette transformation durable. La matrice de matérialité RSE, était l’un des outils clés !

Après l’avoir vu en application dans un contexte client, et en théorie dans la formation, j’ai compris que c’était un prérequis pour le cycle d’ambition de Projexion afin de définir nos drivers.

Pourquoi l’analyse de matérialité RSE était-elle alors pertinente pour Projexion ? 

Nous décrivions Projexion comme une organisation apprenante, où chacun peut tester et apporter ses idées. Il y a ainsi de nombreuses actions RSE déjà en place. Notre cycle d’ambition autour de l’accompagnement de toutes les transformations en lien avec le développement durable et responsable a accéléré la mise en mouvement volontariste sur ces thématiques. Ce cycle d’ambition embrasse plusieurs projets, ayant pour objectif que Projexion ait un meilleur impact sur ces axes sociétaux et environnementaux en interne et en externe. Il a également pour but de nous permettre d’accompagner nos clients sur leurs transformations durables et responsables

Cependant, cela restait des initiatives qui n’étaient pas connectées à un niveau stratégique et en réponse à des enjeux bien identifiés. Nous avions besoin d’asseoir une approche structurante !

 

Pour accompagner cette démarche autour de la matrice de matérialité RSE, il était nécessaire d’appuyer notre discours avec des exemples concrets d’engagements que nous menions déjà. Sinon l’approche paraît hors sol pour nos clients et notre écosystème ! C’est aussi l’occasion de prendre une photo à date pour projeter comment nous souhaitons l’améliorer.

 

Sur le « Momentum » pour Projexion, la première année de notre cycle d’ambition a en particulier porté sur l’acculturation, le cadrage de certains projets, et a permis de grandir en maturité à différents niveaux de l’organisation autour de la RSE et du STM (Sustainable Transition Management). Cependant, nous faisons maintenant face à une accélération des actions RSE concrètes qui voient le jour. Pour amplifier l’impact, et passer au cran supérieur, nous devions absolument les prioriser et organiser selon les attendus de notre écosystème ! En tant que consultants en mission, nous ne pouvons pas nous permettre d’investir de l’énergie sur des activités qui n’ont pas d’impact pour les différentes parties prenantes.

Pour faire écho aux étapes décrites tout à l’heure, un premier travail a été mené avec le commerce et les RH pour regrouper par thématiques les initiatives et les missions. Celui-ci a été complété par un benchmark de ce que font nos concurrents et un travail de brainstorming avec les managers d’offres pour faire le lien avec nos domaines d’intervention possibles. Il est, en effet, difficile de comparer une matrice de matérialité chez un grand groupe industriel international et chez Projexion : il faut l’adapter à notre contexte et notre métier !

Le regroupement a été réalisé sur quatre axes : ce que nous accomplissons pour l’environnement, pour la société, pour nos collaborateurs et au travers des missions de nos consultants. C’est aussi à ce moment que nous avons pris conscience des liens entre tous les projets du cycle d’ambition : notre livret RSE, notre bilan carbone, la mise en œuvre de critères environnementaux et sociétaux dans nos offres… Tout cela se nourrit !

Sur la cartographie des parties prenantes, les clients sont bien sûr primordiaux. Les collaborateurs également, avec derrière l’importance de la fidélisation et de notre capacité à attirer des profils qui correspondent à nos valeurs.

En termes d’enjeux, la liste est large et je soulignerai en particulier l’intégration dans nos missions des aspects RSE autour du green it, du numérique responsable ou de la prise en compte de la performance RSE dans le pilotage de projet par exemple.

Toute la matière que nous sommes en train de récolter sera ensuite présentée à l’équipe dirigeante pour valider les enjeux prioritaires. En parallèle, c’est aussi une source pour la préparation de l’année 2023 et apporter de la cohésion à l’ensemble des actions initiées lors du lancement d’année ! 

En quoi l’utilisation de la matrice de matérialité, et plus globalement la mise en mouvement autour des enjeux RSE nourrissent les consultants et les offres de Projexion ?

L’utilisation de la matrice de matérialité RSE a des bénéfices qui vont au-delà de ses résultats propres. La démarche apporte de la valeur au niveau commercial lorsque nous consultons nos clients et leur présentons ce que nous menons déjà. Elle acculture aussi en interne et participe à la montée en compétences des consultants pour prendre en compte des prismes différents dans notre rôle de conseil auprès de nos clients. 

Je peux partager un exemple concret dans le cadre d’une mission de conception d’une plateforme digitale pour l’onboarding clients d’un grand groupe international. C’est un projet important qui doit être scalable et mutualiser les SI locaux par pays. Cette mise en mouvement sur les enjeux RSE nous fait grandir dans notre posture et nous permet de challenger les bénéfices du projet et les équipes, dont les architectes qui sont des acteurs clés dans la conception du produit : comment cette plateforme peut-elle être moins gourmande en énergie ? Stocker moins de données grâce à la mutualisation ?

Nous menons déjà des missions autour de l’éco-conception, la sobriété numérique les produits applicatifs responsables ou le pilotage de projets à impacts. C’est ainsi un développement progressif sur de nouveaux types de missions autour de la transformation durable d’un côté, et également afin d’intégrer un nouveau regard sur toutes les autres missions, suivant la maturité du client autour des enjeux RSE. 

 

La matrice de matérialité RSE n’est pas un projet mené une fois qu’on oublie ensuite. Le processus a vocation à être répété. Elle est un outil vivant qui doit être régulièrement mis à jour pour s’assurer que les priorités de l’entreprise restent alignées avec les attentes de ses parties prenantes et les défis sociétaux émergents. »

 

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