Cadrage d’un bilan carbone au sein d’une entreprise de conseil : notre mise en pratique !

Dans le cadre de nos activités de conseil et d’accompagnement il a été décidé d’inclure la Responsabilité Sociale des Entreprises dans notre raison d’être et d’agir. A la suite d’un travail collectif de recueil d’initiatives, la réduction de notre empreinte carbone a été identifiée comme étant une des principales priorités. Cependant, que représente un bilan carbone au sein d’une société de conseil avec peu d’impact direct en termes de GES ? Une fois l’idée lancée, comment cadrer un projet de bilan carbone pour qu’il apporte vraiment de la valeur à l’entreprise, à nos consultants, et à l’accompagnement délivré à nos clients ? Pour préciser ces points, nous accueillons dans cette interview Cécile, consultante au sein de l’offre Performance Globale. Elle a évolué dans différentes entreprises, souvent au croisement de la dimension financière et du Système d’Information. C’est une des contributrices au cadrage du projet bilan carbone avec Caroline, Paul et Yves-Alexandre.

Pourquoi s’intéresser à cette démarche de bilan carbone chez Projexion, qui a un impact direct faible en termes de GES ?

Le point de départ c’est notre cycle d’ambition 2022-2024 qui a fait évoluer notre raison d’être : rendre nos organisations plus durables et responsables. Réaliser un bilan carbone est ressorti naturellement comme étant un des sujets prioritaires à engager dans ce contexte. C’est tout d’abord un choix de conviction : chaque individu, chaque entreprise, chaque collectivité est responsable à son niveau de la hausse des températures. Le bilan carbone est la base pour s’engager dans une démarche proactive de réduction de notre impact sur l’environnement. C’est un sujet qui touche aussi bien nos consultants, Projexion, mais également nos clients !   Ensuite, de plus en plus de nos clients engagent des démarches autour de la RSE, qui englobe, entre autre, les achats responsables et implique d’évaluer plus précisément ses fournisseurs. Le contexte réglementaire évolue aussi rapidement. Bientôt, la récente réglementation européenne CSRD (Corporate Sustainability Disclosure Requirements) renforcera le reporting extra-financier et la nécessité de réaliser un bilan Carbone pour plus d’entreprises en Europe.  Ainsi, nous sommes persuadés qu’appréhender ces sujets extra-financiers, dont le bilan carbone fait partie, est essentiel en interne et afin d’accompagner nos clients sur ces sujets, dans le cadre de nos missions.  

Réaliser notre bilan carbone n’est pas une obligation légale pour Projexion. Cependant, c’est un impératif pour se mettre en mouvement, développer notre carrefour d’apprentissage, et un devoir pour mieux répondre aux enjeux que rencontrent nos clients. Il faut commencer par se l’appliquer à nous-mêmes avant de pouvoir accompagner nos clients !

Pourrais-tu nous donner ta définition pratique de ce qu’on entend par un bilan carbone d’une entreprise ?

En synthèse, c’est une démarche qui vise à évaluer les émissions de gaz à effet de serre (GES) pour une organisation en prenant comme unité de mesure la tonne équivalent CO2. Elle implique de prendre conscience des éléments émetteurs de GES dans son entreprise. La démarche est assez récente et il existe plusieurs méthodes de calcul du bilan carbone. La conséquence c’est qu’il peut être abordé par plusieurs organisations de manière différente, avec des résultats très variables ! Pour du concret, vous pouvez retrouver des exemples de bilan carbone d’entreprises sur : https://bilans-ges.ademe.fr/ Nous avons choisi de nous baser sur la méthode de l’ADEME (Agence De l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie) qui fait référence en France et qui intègre les trois scopes : le scope 1 avec les émissions directes issues de la seule activité de l’entreprise, le scope 2 avec les émissions indirectes issues de la consommation d’énergie secondaire réclamée par le process d’activité de l’entreprise (exemple : les consommations électriques de l’entreprise)  et le scope 3 avec les autres émissions indirectes intégrant la chaîne de valeur complète de l’entreprise (liée à la fourniture des matières premières ou la livraison des produits finis).  

Bien sûr, dans le cas de Projexion, nous sommes peu concernés par le scope 1. Notre énergie principale, ce sont nos consultants !

  En tant que société de services qui concourt à la réalisation de projets, le scope 3 est celui qui représente le vrai levier. De plus, il prend tout son poids quand on s’intéresse à la facette interne mais également si on prend en compte le bilan carbone de nos recommandations et l’impact de nos missions clients !     

 

Comment s’est déroulée cette première étape de cadrage du projet bilan carbone ? 

Après avoir constitué un groupe projet, la première étape était de se forger des convictions et de mieux comprendre le sujet, y compris le WHY : scientifiquement, quel est le lien entre l’augmentation de la température et les émissions de GES ? Sans devenir des super spécialistes, nous avons ainsi approfondi notre culture sur cette thématique. Cela a aussi été l’occasion de réaliser un focus sur la partie numérique qui nous concerne plus directement : que représente cette activité dans les émissions de GES ? Quelle part va-t-elle représenter dans les années à venir ? Quels sont les leviers d’actions ? Savoir que les émissions dues au numérique dépassent celles du transport aérien est par exemple un facteur d’engagement supplémentaire ! C’est le sujet du numérique responsable ! Ensuite, nous avons creusé les différentes méthodes autour du bilan carbone avant de sélectionner celles de l’ADEME. Dans ce cadre, nous avons également recherché des exemples de bilan carbone de société de services. En s’intéressant à la méthode de calcul du bilan carbone de l’ADEME, nous avons commencé à identifier le sens chez Projexion en termes de postes ainsi que les données disponibles et exploitables. La nécessité du RUN du projet est aussi apparue : comment mettre à jour régulièrement les informations ? Comment les consolider et les piloter dans la durée ? Comment suivre la performance en termes de diminution des GES et des actions à mener ? Nous avons aussi eu des débats au sein de l’équipe sur ce qu’il fallait prendre en compte ou non sur le scope 3 ! Les écarts de déclarations d’entreprises similaires sur le site de l’ADEME, qui, avec la même méthode, obtiennent des déclarations très différentes nous ont interpellés. Chacun s’approprie la méthode, et nous sommes arrivés à la conclusion que nous n’avions pas de certitude sur l’application. En conséquence, nous avons convenu que pour être intègre et sérieux dans la démarche et pour monter globalement en compétences, nous avions besoin d’être accompagnés sur la réalisation du bilan carbone par un expert externe, à la suite de cette phase de cadrage.  

Mener la démarche avec un expert du bilan carbone, c’est l’opportunité d’être bousculé, et de creuser la facette des interventions chez nos clients. Plus que le résultat, c’est la démarche et la cartographie des leviers d’amélioration qui sont cruciales pour nous !

 

Quelles convictions avez-vous développées durant ce cadrage du projet bilan carbone de Projexion ?

  L’évidence, c’est que notre levier principal est le scope 3, et en particulier au travers de notre impact au sein de notre écosystème et dans nos missions clients. Pour cela, nous avons cependant besoin d’être exemplaires en interne et de maîtriser le sujet au sein de chaque offre. L’exemple de notre offre supply chain avec l’intégration d’une démarche de développement durable dans sa stratégie SCM est un bon exemple. Deuxièmement, le bilan carbone ne peut pas être vu de manière isolée. Il doit être intégré dans une démarche plus globale RSE et impliquer l’ensemble des salariés dans une boucle sensibilisation/action sur les mesures de réduction des émissions. Insuffler et partager cette démarche avec l’ensemble des collaborateurs et consolider les retours d’expérience dans notre carrefour d’apprentissage est une des clés, parmi d’autres. La démarche et le cycle d’ambition vont, selon moi, nous entraîner à nous connecter encore plus à des partenaires qui visent les mêmes valeurs, et va rejaillir auprès de nos clients. Cela ne fera que renforcer l’importance que nous accordons chez Projexion à notre écosystème !

En tant que consultante, est-ce que la participation à ce projet va faire évoluer la manière de mener tes missions clients ? 

J’étais déjà convaincue que les éléments extra-financiers étaient essentiels. Ce projet a encore renforcé ma certitude sur leur rôle dans la performance globale de l’entreprise, et ma volonté de participer à développer l’offre Performance Globale chez Projexion. La suite du projet et la collaboration avec le consultant externe sur la réalisation du bilan carbone vont me permettre de suivre les nouvelles normes, d’appréhender en détails l’application concrète de la méthodologie et ainsi pouvoir concrétiser de nouveaux dispositifs au sein de l’offre Performance Globale. Dans mes missions, je vais ainsi pouvoir prendre en compte cette dimension dans les projets autour du système d’information, de la gestion de la data et sensibiliser nos clients sur la matérialisation de ces enjeux. C’est donc le début d’une grande aventure ! Cette dimension dans nos métiers va se renforcer énormément dans les années à venir. D’une approche déclarative, non auditée, nous allons évoluer vers un cadre de plus en plus précis. Au niveau des entreprises, cela va impliquer d’intégrer le bilan carbone, et plus globalement la performance extra-financière de manière systémique, au même titre que la dimension financière. Cela va bousculer les organisations en termes de structuration des données, de KPI aussi bien que d’outillage ou de culture.  Ainsi, ce sont à la fois des missions autour de projets de transformations, mais également, au quotidien, l’ajout de ce prisme complémentaire dans chacune de nos missions « classiques » et de nos offres.  

La performance de l’entreprise n’est plus uniquement financière, elle doit être globale pour être durable !